Le
lendemain, Summer, Thomas et Jo vont détecter. Moi, je dois aller
faire des courses avec Martha. Ah ! Si je pouvais y aller plutôt
avec Summer... Le matin, pendant que je sers le petit déjeuner,
Martha fait un geste un peu vif et je me recule précipitamment. Elle
rit et me dit :
—
Je ne te frapperai pas si tu ne fais pas de bêtises.
Mouais...
Le bateau nous dépose dans le petit port d'Orange Creek, Dean reste
à bord. C'est une petite ville, mais aujourd'hui, il y a marché.
Martha vient d'une autre île, mais elle connaît bien cette
localité. Je suis en uniforme, y compris le tablier. Il y a de très
grosses propriétés ici et c'est vrai qu'on voit des bonnes en
uniformes. Je me suis un peu renseignée sur le Net au sujet des
Bahamas. Il y a des riches propriétaires blancs, arrivés ici il y a
deux siècles avec leurs esclaves... Par la suite, d'autres esclaves
sont arrivés avec des Blancs sudistes, après la guerre de
Sécession. Actuellement, 80 % de la population est noire ou
métisse.
Martha
commence par acheter un grand caddy que je traîne en me tenant
derrière elle, puisque les bonnes marchent cinq pas derrière leurs
maîtres, comme au temps de la reine Victoria.
On parle anglais, mais il y aussi un patois que je ne comprends pas, c'est ce que parle Martha avec les commerçants. Elle a l'air ravie d'avoir une servante blanche et elle parle de moi avec les commerçants. On achète de tout : des quantités de boîtes de conserves, du poisson fumé, des fruits et des légumes. Quand le caddy est plein à ras bord, je place un gros sac au-dessus. Martha me dit :
— Ne
mets pas le sac sur le caddy, porte-le. Tu es vraiment une
fainéante !
Rires
des commerçants ! Un peu plus tard, tandis qu'elle raconte sa vie
à une commerçante, je dépose le gros sac par terre. Ouch !
Martha me crie dessus :
—
C'est sale par terre, souillon, porte ce sac... À moins que tu aies
envie de te faire fesser ici ?
—
Non, pardon, Madame.
Je
porte le gros sac à deux mains. Les gens sont ravis du spectacle. Un
jeune Black uniquement vêtu d'un short s'approche de moi pour me
demander :
— Tu
vis sur un bateau ?
—
Oui...
Il me donne
une photo en disant :
—
Donne ça à ta maîtresse dans le bateau, c'est important.
Il
s'en va... Martha n'a rien vu. Je regarde discrètement ce qu'il m'a
donné. C'est une photo de plusieurs monnaies en or et au verso, il y
a un numéro de téléphone. Je glisse la photo dans ma poche. Je
crois que ça va intéresser Summer. Martha continue ses achats et
ses parlottes. Je finis par être tellement chargée qu'elle est
obligée de porter un sac... La pauvre !!!
Je
pense à cette photo... J'ai hâte de la montrer à Summer, je
pourrai peut-être négocier pour ne plus être la servante. Mais
d'un autre côté, je n'ai pas envie de me retrouver face à des
araignées et des alligators... Quand Martha a enfin fini, on
retourne au bateau, moi chargée comme un mulet.
On
rejoint notre petite crique et on range toutes les provisions. Ou
plus exactement, Martha s'assied et ouvre une bière. Ensuite, elle
me dit où ces provisions doivent aller. Dès que j'ai tout rangé,
je lui dis :
—
J'ai une lessive à faire, Madame.
Petit
geste désinvolte de la main. Je vais laver leurs vêtements sales et
plein de sueur. Les trois autres arrivent tandis que je pends la
lessive. Ils ne sont pas plus frais qu'hier. Je dis tout de suite à
Summer :
— Je
dois te parler...
—
Tu as fait des corvées ?
—
Oui. C'est très important.
Elle
pousse un soupir... et se dirige vers notre cabine. Dès qu'on y est,
elle me dit :
—
Si c'est pour te plaindre de Martha....
Je
lui montre la photo. Elle la regarde attentivement, le retourne et
voit le numéro de téléphone. Elle me dit :
—
Putaaaiiin ! C'est ce qu'on cherche ! Qui t'a donné ça ?
—
Un jeune garçon, au marché...
Elle
me prend par le cou et m'embrasse. Elle a eu chaud, elle sent bon.
Elle prend son téléphone pour appeler le numéro qui est au dos de
la photo. Quand elle a quelqu'un en ligne, elle dit :
—
Bonjour Monsieur, j'ai une photo...
—
...
—
D'accord.
—
...
— À
demain.
Elle me
dit :
— On y va
demain, toi et moi.
Je
vois qu'elle réfléchit... puis elle me dit :
—
Allons l'annoncer aux autres.
On
va à l'arrière du bateau. Ils boivent des bières. Thomas lui en
tend une. Elle boit un coup... puis leur dit :
—
Ashley a eu un renseignement très important.
Elle
donne la photo à Dean, qui est à côté d'elle, en ajoutant :
—
Il y a des gens sur l'île qui ont trouvé ce que nous cherchons.
La
photo passe de mains en mains. Martha me dit :
—
Tu ne me l'as pas dit...
—
Le jeune homme m'a dit de la donner à ma patronne qui est sur le
bateau. C'est ce que j'ai fait.
Moue
de la grosse ! Jo dit à Summer :
—
Pourquoi ils nous mettent au courant ?
—
Tu sais... Cette île qui est quand même proche du trou du cul du
monde. C'est difficile pour des villageois de le vendre. Si le
gouvernement est averti, il le leur confisque. Les grands sites de
ventes aux enchères demandent la provenance des objets. Ils ont dû
se dire que nous avions la possibilité de le faire. Demain, pas de
fouilles, on va à Orange Creek. On viendra nous chercher au marché,
Ashley et moi.
***
Le
lendemain, je sers le petit déjeuner, ensuite on s'apprête à aller
de l'autre côté de l'île. Summer me dit :
—
Mets la robe et le tablier.
J'espérais...
pouvoir y aller autrement qu'en bonne. Je lui demande :
—
Je ne peux pas y aller... en civil ?
—
Non, tu es ma servante.
—
Oui, mais...
—
Mauvaise réponse, recommence.
—
Oui, Madame, je suis votre servante.
Je
ne sais pas ce qu'elle a ce matin... peut-être le stress. On part
tous sur le bateau. Summer dit :
—
Faites un tour en ville. Je vous donne des nouvelles rapidement.
Ils
aimeraient bien nous accompagner, mais c'est Summer et moi... Enfin,
Summer et sa bonne.
On
arrive dans le petit port et on va au marché. On attend un peu et
puis le jeune Black de la veille arrive. Il a dû faire des courses
et il a un gros sac... Il dit à Summer :
—
Suivez-moi.
Il
peut avoir 18 ans et il est toujours vêtu uniquement d'un short pas
très propre. Après une centaine de mètres, il dit à Summer :
—
Ce n'est pas ta bonne qui devrait porter les courses ?
Mais
non, pas du tout ! Il est deux ou trois fois plus fort que je ne le
suis... Summer répond :
—
Si, bien sûr... Ashley !
—
Oui Madame.
Je
prends le sac... Oh putain, il pèse une tonne ! Je me traîne
derrière eux. Le Black lui demande :
—
Elle serait pas un peu paresseuse, ta bonne ?
Summer
va remettre à sa place ce petit insolent. Elle répond :
—
Il faut la punir de temps en temps, c'est ce que je vais devoir
faire.
Aussitôt,
je les suis ! Pfffff.... On quitte la ville, la route asphaltée
devient une route de terre... Je transpire dans ma robe et je prends
de nouveau le sac à deux bras. On passe devant une grande
décharge... ça pue ! On continue la petite route et on arrive
devant un terrain sur lequel se trouve un invraisemblable bric-à-brac
de voitures accidentées, d'appareils ménagers... de tout. Summer
demande au gamin :
—
Ton père récupère les métaux ?
—
Oui. Les pièces de voitures aussi.
On
marche entre deux murs de... déchets ! On arrive devant une masure
en bois. Trois personnes nous attendent, toutes noires. Il y a un
couple d'une quarantaine d'années et une fille qui doit être la
sœur de notre guide. L'homme est torse nu, les deux femmes en jeans
et tee-shirt.
L'homme dit à Summer :
—
Viens avec moi.
Et
moi ? Avant que le couple n'entre dans la maison, la jeune femme
crie :
— Dis,
Pa, elle pourrait pas nous aider pour le ménage, la bonne ?
Il
regarde Summer qui répond :
—
Bien sûr Mademoiselle.
Oh
non !!! Ça, c'est à cause de cette saloperie d'uniforme. Summer
entre dans la maison. La fille s'approche de moi pour dire :
—
Je rêve d'avoir une servante blanche qui laverait mes culottes.
La
femme, qui doit être sa mère, rit et lui dit :
—
On n'en met pas.
—
C'est une image, M'man. Qu'est-ce qu'on lui fait faire ?
—
Il faudrait lui faire repasser nos robes du dimanche...
Putain,
je déteste repasser ! Au secours ! Elle ajoute :
—
On fera ça, si elles restent.
Ouf,
j'échappe au repassage. Elles n'ont pas l'occasion de trouver autre
chose à me faire faire, car Summer et le Black sortent de la maison.
L'homme leur dit :
—
Elles restent, son patron vient demain.
Grand
sourire de la femme et des enfants. L'homme ajoute :
—
On va arroser ça.
Il
se tourne vers moi et me dit :
—
Va chercher des bières dans le frigo.
Une
servante blanche, ça leur plaît ! Je vais dans la grande pièce
où il y a des meubles récupérés dans des poubelles. Seule chose
de bien, une grande télé et dans la cuisine, qui est juste à côté,
un grand frigo. Je prends quatre bières et je leur apporte. Pas pour
moi, évidemment. Ils boivent à la boîte... Quand elle en a assez,
Summer me donne sa boîte à moitié pleine. Je lui dis :
—
Merci Madame.
Je
bois goulûment. Dès qu'ils ont vidé leurs canettes, la fille me
dit :
— Va en
chercher d'autres !
—
Oui Mademoiselle.
Je
rapporte quatre bières. La fille me dit :
—
J'ai vu un vieux feuilleton anglais où les servantes font des
révérences. Vas-y.
On
est dans un casse de voiture à côté d'une décharge et je dois
leur faire des courbettes ! Je lui fais une profonde révérence,
en disant :
—
Voici votre boisson, Mademoiselle.
Elle
est ravie !
À
suivre.
Un
tout grand merci à Bruce Morgan, pour les super dessins.
Nos
7 livres sont ici
:
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livres non illustrés, ici :
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