Utaro
nous demande :
—
En France, vous n'avez pas des chansons de marche ?
Je
réponds :
— Si,
si j'ai été chez les guides et on en avait.
Nouria
s'écrie :
— Moi
aussi j'y suis allée ! Tu connais "Un jour la troupe campa"
?
— Ouiiiii !
On
chante :
— Un
jour la troupe campa A-A-A.
—
La pluie s'mit à tomber B-B-B.
—
L'orage a tout casseé C-C-C.
—
Faillit nous inonder A-B-C-D.
Un
groupe de Japonais qu'on dépasse nous suit pour écouter la chanson.
On chante jusqu'à "Le temps est au beau fixe X-X-X".
Le
groupe nous applaudit. Utaro nous demande :
—
Vous en connaissez d'autres ?
On
chante "Alouette et Pinson", puis "En passant
par la Lorraine". Les Japonais sont ravis... À leur tour, ils
chantent ! Après deux heures de marche, on s'arrête pour se reposer
un peu, boire et mettre nos vestes, car il commence à faire frais.
Nos nouveaux amis japonais continuent leur ascension, on se dit "À
tout à l'heure au sommet". Si ça se trouve, ils verront nos
fesses ! On arrive à suivre Utaro, qui est sportif. Le ménage et le
sexe, ça nous a fait des muscles. Un peu plus tard, on fait encore
une pause, puis on arrive au sommet. Enfin !
En
chemin, on s'est dit : « Qu'est-ce que c'est moche !», mais tout
est devenu plus beau quand il y a eu de la neige. Il fait nettement
plus froid aussi. Après ces 6 ou 7 heures d’ascension, on est très
fatigués. On suit Utaro jusqu'à une maison de bois au bord d'une
paroi à pic. Il va trouver la patronne pour lui dire :
—
On a dû retenir trois lits au nom d'Utaro.
La
femme regarde dans un livre et répond :
—
Désolé Monsieur, aucune réservation à ce nom. D'ailleurs, nous
sommes complets.
Utaro
prend son téléphone et appelle. La conversation se passe comme ça
:
— Mademoiselle
Yoake, c'est Utaro. Il n'y a pas de réservation au refuge...
—
...
— Oui,
mais...
— ...
—
Oui, excusez-moi Mademoiselle, je....
Il
se tait car elle a raccroché en lui coupant la parole ! Toujours
aussi garce, Yoake. Il n'a pas l'air content... Et nous ? On sera les
actrices de leurs putains de caméras cachées, non ? Il réfléchit
un moment, puis il nous dit :
—
Allez jouer sur la terrasse, je dois parler à la patronne.
On
fait ce qu’il dit. Cette terrasse surplombe carrément le vide...
C'est beau mais impressionnant quand on a le vertige. On n'a pas
vraiment envie de jouer et puis on n'a pas de jouets. On admire la
vue qui est très belle, il ne manque que le Fuji, au loin !!
Cinq minutes plus tard, Utaro arrive et nous annonce :
—
C'est arrangé, on a un lit dans une petite pièce.
Pour
trois ? J'ai envie de bien dormir mais la perspective d'être nue
entre Nouria et Utaro me plaît aussi. Je lui demande :
—
Mademoiselle Yoake et l'équipe ne sont pas sur le Fuji ?
—
Si, mais ailleurs... On va aller voir le coucher de soleil, et puis
manger.
Après
être sortis du refuge, on marche vers l'endroit d'où on peut voir
le coucher de soleil. On n'est plus comme deux tiques sur les flans
du sanglier mais comme deux biches entourant le cerf qu'elles vont
partager. Nouria, qui ose tout, lui dit :
—
Dans la voiture, je me suis endormie un court moment et j'ai rêvé
que nous partions toutes les deux avec vous.
Il
rit avant de répondre :
—
Qui sait ?
Bon,
ça, c'est fait. À mon tour :
—
Vous connaissez Monsieur Noguchi, Monsieur ?
—
Oui, c'est un homme très important.
—
C'est vrai qu'il pourrait reprendre certaines affaires du Prince ?
—
Les filles ! On est au sommet du mont Fuji, on est fatigués. On va
admirer le coucher de soleil, puis boire du saké et manger...
Profitez du moment présent.
Nouria
dit :
— Et puis
ce soir, vous allez être entre nous.
Il
rit à nouveau, mais cette fois, ne répond rien.
Nous
ne sommes pas les seuls à aller voir le coucher de soleil. Naruto
achète une bouteille de saké avec trois gobelets. Il nous
entraîne vers un endroit où des gens sont assis sur des
chaises, mais il y a moyen de se placer juste devant eux, sur le bord
du plancher en bois. Un homme nous dit :
—
Eh ! Vous gênez plus.
Naruto
se retourne tous muscles dehors sous sa veste, pour lui demander :
—
Il y a un problème ?
—
Euh... non, excusez-moi.
Voilà
l'intérêt d'être avec un homme comme Naruto. Surtout pour moi qui
ai un peu peur de tout... Moins qu'avant pourtant, la vie d'esclave
m'a endurcie. On est donc assis sur un plancher, accoudé à la barre
inférieure de la balustrade, les jambes dans le vide et on regarde
le soleil rouge se coucher. D'accord, il est plus orange que rouge,
mais il me rappelle quand même le drapeau du Japon. Utaro remplit
nos verres de saké et on boit à la santé de... Nouria propose :
—
La liberté.
J'ajoute
:
— La liberté
pour nous trois !
Utaro
nous calme :
—
Un peu de patience les filles, ça va arriver un jour....
—
Vous êtes sûr, Monsieur ?
—
Oui.
Alors... Dès
que le soleil a disparu à l'horizon, on se lève et on quitte la
plateforme. Utaro nous dit :
—
Je connais un petit restaurant... je vais appeler.
Il
téléphone. Comme le froid commence à se faire sentir, on se colle
toutes les deux à lui. Il nous annonce :
—
C'est OK, on y va.
Son
resto est une grande maison de bois. On entre. Derrière des
comptoirs, quatre femmes servent à manger dans des raviers en
plastiques... Certains mangent assis autour de longues tables,
d'autres restent debout. C'est très, très simple comme
restaurant... Utaro dit à une des filles qui sert :
—
Je vais voir Madame Matsui, elle est prévenue.
La
fille hoche la tête tout en servant.
On
passe derrière un des comptoirs et il ouvre une porte. On se
retrouve dans une grande cuisine. Deux hommes et deux femmes d'une
cinquantaine d'années préparent à manger. Ça sent la friture...
Une grosse femme vient l'embrasser, les autres lui disent bonjour
chaleureusement. Elle lui dit :
—
On vous a mis là.
Elle
désigne une petite table et trois chaises dans un coin.
On
va s'asseoir et elle vient nous apporter des brochettes dans des
assiettes de carton, ainsi qu'une bouteille de vin blanc. Utaro nous
dit :
— C'est de
la cuisine d'Okinawa, je suis de là et Madame Matsui aussi. Ce sont
des "kushikatsu", des brochettes de légume et de
viande panées.
C'est
franchement bon... Il y a aussi des brochettes aux fruits de mer.
Comme dessert, nous recevons des raviolis "dango"
tricolores, ce sont des boules rondes. Elles sont vert pâle, rose
pâle ou blanches, élastiques et sucrées. Nouria et moi, on adore.
Utaro rit en nous voyant manger de si bon appétit et il en
recommande. Qu'est-ce qu'il est gentil ! On boit du koshu, un vin
blanc fruité.
Nous
parlons du Japon, de ses projets... J'en oublie le tournage de demain
! Il finit par nous annoncer :
—
Les filles, on doit rentrer, Yoake est une lève-tôt, elle risque
d'avoir besoin de vous aux petites heures.
Oh,
c'est déjà fini ? Utaro paye et on sort du restaurant. Malgré le
froid, on fait un petit tour pour admirer la lune depuis le mont
Fuji. Ensuite, on rentre à l'hôtel. On fait la file pour les
toilettes, puis on se couche avec Utaro entre nous. J'aimerais
beaucoup faire l'amour avec lui, mais Nouria me devance... Comme je
suis très fatiguée et bercée par le rythme des coups de reins
d’Utaro, je m'endors.
***
On
est réveillés par la sonnerie du téléphone d’Utaro. Il décroche
et dit :
—
Bonjour Mademoiselle...
—....
—
Oui, on arrive immédiatement.
Il
nous annonce :
—
Faut se dépêcher, les filles, vous la connaissez...
Oh
oui... On va vite aux toilettes. Heureusement, il n'y a pas de file.
On s'habille et on se dépêche d'aller à son hôtel. Je me doute
qu'elle ne loge pas dans un refuge. On ne voit d'abord qu'une longue
construction sans étage. On entre et Yoake demande le numéro de la
chambre de Mademoiselle Yoake L. C'est le 28 au niveau moins 2. On
prend un ascenseur et on descend de deux étages. Je comprends que
l'hôtel est souterrain pour qu'il ne dépare pas le paysage. Utaro
toque et entre.
Yoake
est nue au milieu de sa chambre. D'abord, je ne vois qu'elle.!
Ensuite je remarque la grande baie vitrée et la terrasse construite
au-dessus du vide. Nouria et moi, on se met à genoux, tandis
qu’Utaro se plie en deux en disant :
—
Bonjour Mademoiselle, j'espère que tout s'est bien passé....
Elle
répond :
— Oui,
plus ou moins. Tu peux disposer Utaro, je n'ai plus besoin de toi.
Il
sort. On n'a même pas eu le temps de le remercier. J'en ai les
larmes aux yeux... Yoake nous désigne ses pieds du doigt. On rampe à
genoux pour aller lui embrasser les orteils. Elle siffle, mais c'est
un son très curieux, très aigu. On a dû lui bricoler quelque chose
dans la bouche. Au sifflement, un petit drone sort de son sac en
dépliant ses ailes. Il vient se placer à hauteur de son visage et
filme tandis que Nouria et moi, on embrasse ses pieds.
Je
veux Utaro ! Au bout de quelques minutes, elle dit :
—
Redressez-vous et apprenez ça.
Elle
nous tend deux feuilles. C'est notre texte, enfin deux phrases de
texte.
Toujours
aussi nue, elle va sur la terrasse avec son drone. Là, elle fait des
katas, une série de mouvement de karaté mimant un combat. Ça me
fait mal aux seins de le dire, mais elle est belle et elle fait ça
vraiment bien.
Il fait tellement froid que son souffle crée des petits nuages.
Après
un quart d'heure, elle entre dans la chambre, en sueur malgré le
froid.
À suivre.
Un grand merci à Bruce Morgan pour le super dessin.
Notre nouveau livre s’appelle : « Lizy, soumise autour du monde », il y a 60 illustrations de Bruce Morgan et vous allez l’adorer.
https://www.lamusardine.com/recherche?s=mia+michael&controller=search
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