Je vais devant le majordome qui est assis et écrit dans un cahier. C’est un gros homme à l’air renfrogné. Je lui fais une révérence en disant :
— Bonsoir Monsieur, je m’appelle Jane... euh... Janet, et mon mari, Howard.
Il termine d’écrire, puis me regarde des pieds à la tête et finit par me demander :
— Tu ne connais pas bien ton nom ?
— C’est que Madame l’a changé, Monsieur.
Il regarde mon mari, qui s’incline en disant :
— Je m’appelle Howard, Monsieur, et...
— Oui, je sais.
Puis il se tourne vers Madame Steel pour lui demander :
— Vont-ils manger avec nous ?
Elle lève les yeux au ciel en disant :
— Madame n’a pas encore décidé de leur rang dans la domesticité.
Elle se tourne vers une jolie femme dans un uniforme élégant. C’est une des femmes de chambre de ma soeur, si j’ai bien compris. Elle lui dit :
— Ton avis ?
— Je crois que c’est plus facile de les faire manger avec nous, en attendant que Madame se soit décidée.
Madame Steel regarde le valet de pied qui répond :
— C’est mon avis aussi.
Madame Steel demande un dernier avis à la cuisinière qui répond :
— C’est bon pour moi, ils nous donneront des nouvelles de Londres.
Nous sommes acceptés dans l’aristocratie des domestiques ! Et puis, on dirait qu’on a le droit de parler à cette table et qu’on a des chaises.
À la table des autres servantes et des domestiques, il n’y a pas de chaises, mais des bancs et personne n’a le droit de prononcer un mot. Ils sont au moins trente, majoritairement des femmes. Dans un coin de la pièce, je remarque une servante agenouillée, les poignets croisés sur les reins, le nez contre le mur. Sûrement une punie.
Le cuisiner envoie une fille chercher deux chaises pour qu’on puisse se joindre à eux. Après qu’on s’est assis, Madame Steel fait un signe et les domestiques de la grande table s’asseyent également.
Des servantes apportent les plats à table, ça a l’air appétissant. Il faut se servir, puisqu’on est dans les cuisines.
D’abord Madame Steel et Monsieur Sanders, puis nous.
Les filles de cuisine vont mettre d’énormes marmites sur la table des domestiques, puis elles servent avec de grosses louches. C’est nettement moins appétissant que ce que nous avons. Monsieur Sanders parle avec le valet de Monsieur. Ça sent la fumée et la sueur... Je m’attends à voir arriver Lucifer, qui me dirait avec un grand sourire :
— Tout se paie, Jane (au moins, il utilise mon vrai prénom).
— Oui, mais c’est très cher !
C’est vrai, j’ai des choses à me reprocher... Je n’ai pas toujours été honnête, j’ai trompé mon mari chaque fois que l’occasion se présentait, j’ai été dure avec les domestiques (c’est ça que je paie ?). J’ai aussi dit les pires choses de ma soeur. Ça, c’était justifié, mais quand même, être ravalée au rang de servante de ma soeur... Franchement Lucifer !
— Tu es sourde ?
C’est Madame Steel qui m’a posé une question tandis que, dans ma tête, je discutais avec le Démon. Je réponds très vite :
— Pardon Madame, je... j’essayais de retenir la... euh, la hiérarchie de...
— Monsieur Sanders te demande si tu es bonne couturière.
— Euh... oui, Monsieur.
Lucifer ! C’est un peu trop, non ? Pourquoi cette garce de Constance possède tant de choses alors que moi j’ai tout perdu, y compris mon honneur ?
Quand la table est débarrassée, Madame Steel se lève et va chercher la fille qui est "au piquet", le nez collé au mur. Elle l’att**** par l’oreille et la traîne gémissante et courbée en deux derrière elle. Elle retourne s’asseoir et dit à la fille :
— Explique à tout le monde pourquoi tu as mérité d’être punie.
— Je... j’ai été insolente avec Mademoiselle Stefie, la femme de chambre de Madame.
Mais c’est une servante comme elle ! Madame Steel lui annonce :
— Dix coups de strap sur les fesses. Va le chercher.
Les larmes aux yeux, tout à coup. La fille va détacher le strap pendu à un clou, bien visible sur un des murs de la cuisine. Il s’agit de l’instrument généralement utilisé pour punir les servantes, avec l’avantage de ne pas réellement blesser. C’est une bande de cuir d’environ 40 cm de long sur 7 ou 8 cm de large. La poignée est plus étroite pour bien l’avoir en main. Celui-là a déjà vécu, le cuir semble patiné par des centaines de fesses.
N’ayant plus de raison de me faire passer pour meilleure que je ne suis, j’avoue adorer assister au spectacle d’une servante fouettée. Je me suis d’ailleurs souvent livrée à ce genre de "divertissement", lorsque j’avais moi-même des servantes. Une vingtaine, comme ma soeur actuellement.
Évidemment, je risque aussi de me faire punir. C’est d’ailleurs pour ça que j’essaie d’amadouer Madame Steel. Pour le moment, la fille est devant elle et lui tend le strap. La gouvernante la laisse comme ça un moment, le bras tendu. Quand Madame Steel le prend, c’est pour lui dire :
— Mets-toi en position, Suzy. Pas besoin de te faire un dessin, vu le nombre de fois que je t’ai déjà dépoussiéré le derrière.
L’image est jolie, j’apprécie. C’est la première fois que quelque chose me plaît depuis que je suis tombée entre les griffes de ma soeur.
Suzy couche son buste sur la table et ses mains agrippent solidement le bord. Elle a les jambes légèrement écartées. Madame Steel s’adresse aux autres servantes en disant :
— Approchez-vous, regardez ce qui vous arrivera, si vous êtes insolente ou si c’est mon bon plaisir.
Oh ! C’est violent, ça ! Cette femme reconnaît qu’elle pourrait fouetter une fille simplement pour le plaisir. Je sens que mon bas-ventre se serre... Ce serait très différent si c’était moi, la victime, mais ça, c’est une chose que ma soeur ne fera jamais.
La gouvernante se tourne vers le majordome pour lui dire :
— Monsieur Spencer, pour les domestiques, c’est à vous de décider.
— Oui, ils peuvent regarder.
Aussitôt, ils nous entourent ! Cette sadique a son public. Délicatement, elle prend le bas de la jupe d’uniforme de la servante et la retrousse jusqu’aux reins. Beau spectacle... Suzy a des belles fesses rondes et blanches qui se détachent très bien sur la table foncée. Madame Steel lui donne des petites claques avec la main, faisant trembler légèrement la chair. Elle lui dit :
— Écarte plus tes jambes, Suzy, tu sais que je n’aime pas frapper des culs pincés.
En laissant échapper un gémissement, la fille écarte ses cuisses, dévoilant encore plus son entrejambe poilu. À ce moment-là, Madame Steel croise mon regard. Ayant tout de suite compris mon intérêt, elle m’annonce :
— Regarde bien Janet, puisque tu vas sûrement y passer aussi.
— Oui Madame Steel.
Sûrement pas ! Mais pour le moment, je profite quand même du spectacle. Madame Steel donne une bonne claque sur les fesses en disant :
— Prête ?
Gémissement de la fille qui répond :
— Oui, Madame.
Alors... PAF ! PAF ! PAF ! PAF ! PAF ! Les fesses de Suzy sont décorées de cinq larges bandes rouges qui se chevauchent à certains endroits... Elle crie :
— Aaaaaïïïeee... pardon... aïïïeee... je ferai aaaïïïïïee... attenti... aaïïeee !
Madame Steel fait ça beaucoup trop vite, à mon goût ! Il faut laisser à la victime le temps de bien ressentir la douleur entre chaque coup. Quel gâchis ! Heureusement, ce n’est pas fini.
La gouvernante lui annonce :
— Les cuisses maintenant, Suzy. Oui, je sais que tu n’aimes pas ça.
— Nooon madame... pitié !
Ça repart : PAF ! PAF ! PAF ! PAF ! PAF !
— Aïïïïïïeeeee, aïïïïïïeeeee, aïïïïïïeeeee, aïïïïïïeeeee, aïïïïïïeeeee !
Également trop rapide, mais sinon, plutôt bien fait. Les cuisses sont joliment marquées, surtout à l’endroit où les fesses font des fossettes. Suzy va avoir un souvenir douloureux du fouet quand elle s’assiéra, et même en marchant !
Ensuite, c’est assez amusant, Suzy doit embrasser le strap encore chaud du rude contact avec son derrière, puis la main de Madame Steel en la remerciant et en la mouillant de ses larmes.
Je suis émue... Et dire que ma soeur n’assiste même pas à ce spectacle. Elle est plus froide que la glace. Moi, je trouve ça très excitant. Quand on est spectateur...
Suzy est également privée de repas, mais elle a quand même droit à un morceau de pain sec et un verre d’eau. Madame Stelle gâte ses filles... Oui, je sais. Si c’était mon tour, je ne rirais plus du tout... Mais Constance n’osera jamais me faire ça. Je suis sa soeur jumelle, après tout.
Le complot
Constance :
Je pense que ma soeur a beaucoup de chance de m’avoir. Grâce à moi, elle évite la prison et même si elle avait réussi à y échapper, elle n’aurait eu d’autres choix que de se retrouver sur un trottoir de Londres, à se prostituer. Mais peut-être que ça lui aurait plu. Après tout, ma soeur est une femme dépourvue de moralité.
Toutefois, j’en doute, puisque personne ne souhaite se retrouver dans les bas fonds de Londres. Ici au moins, elle a une vie décente. Une vie de servitude, mais décente. Et puis, je peux aussi à tout moment la faire monter en grade, elle pourrait devenir femme de chambre ou gouvernante. Non, quand même pas. Ça, c’est visé trop haut.
On peut difficilement imaginer des soeurs plus dissemblables que nous. Je suis une fille sérieuse, elle, une femme légère pour ne pas dire plus. Et puis, il y a sa jalousie : nos parents me préféraient et il m’est arrivé de la faire punir pour m’amuser. En revanche, s’il y en avait une qui prenait plaisir à faire punir les servantes, c’est bien elle.
Maintenant, ces questions de punitions sont réglées, c’est moi qui tiens le manche du fouet et elle qui se tient humblement à mes pieds, attendant un ordre. C’est une situation qui lui plairait énormément.
La première fois que je l’ai fait punir, ça a été assez amusant. J’étais en compagnie de quelques amies et nous prenions le thé. J’avais demandé à Madame Steel d’envoyer ma soeur en uniforme de servante, pour faire le service ; et cette imbécile n’a rien trouvé de mieux que de renverser du thé dans la soucoupe de la duchesse de C. J’ai aussitôt appelé Madame Steel pour lui dire :
— Cette maladroite a presque renversé du thé sur une invitée. Je voudrais que vous la punissiez dans la pièce d’à côté.
Je crois qu’elle espérait ne jamais être punie. Et pourtant, quelques instants plus tard, on a entendu ses cris, pendant que Madame Steel la fouettait avec le strap. Tout le monde a trouvé ça très amusant. Encore plus quand, après sa punition, elle a dû revenir faire le service avec les yeux rouges. Je l’ai fait punir quelques fois, comme les autres servantes. Bon, disons, un peu plus que les autres.
Pour terminer avec ces histoires de punitions, j’ai eu un différend avec Madame Steel et je l’ai fait à son tour fouetter par le majordome. Pas devant le personnel, je tiens à le préciser. Ensuite, je n’ai plus eu à me plaindre d’elle.
Mon mari et moi, avons eu des préoccupations autrement plus importantes. Il s’est rallié à une partie de l’aristocratie, emmenée par la reine Caroline de Brunswick, qui a des rapports exécrables avec son époux, le roi Georges III. Il lui a même interdit d’assister à son couronnement. Le Premier ministre, Lord Liverpool, est, paraît-il, lassé des frasques du roi, lui aussi.
Le deuxième sur la liste de succession au trône a 8 ans. Donc, beaucoup de gens souhaitent que ce soit plutôt mon mari qui monte sur le trône.
C’est le rêve de mon époux et le mien. Par la suite, il pourrait être victime d’un accident de chasse, par exemple... Certes, je serais inconsolable, mais devenir une grande souveraine mérite quand même bien quelques sacrifices. Par ailleurs, nous nouons beaucoup de contacts avec des hommes très importants dans l’Empire.
Demain soir est un grand jour, puisqu’un Lord que nous avons rencontré à plusieurs reprises nous rend une visite secrète. Il n’est pas beau, mais très riche, vraiment très puissant et... je lui plais terriblement. J’ai l’habitude : tous les hommes tombent amoureux de moi. C’est lassant mais, quoiqu’on puisse en penser, très utile.
Le rendez-vous est à minuit. La seule personne qui est au courant, c’est Madame Steel, la gouvernante. Je lui ai promis une petite somme d’argent pour être sûre de son silence. Intéressée comme elle l’est, je lui fais confiance.
Il est onze heures du soir et le rendez-vous est à minuit. Mon mari me rejoint dans ma chambre. Je viens de congédier ma soeur Janet, momentanément devenue ma femme de chambre. Oui, c’est amusant de l’avoir sous la main. Mon mari me dit :
— Je viens de recevoir une missive assez surprenante de la part de Lord C.
— Quoi, il ne vient pas ?
— Non, ce n’est pas ça, mais figurez-vous qu’il m’avoue que... que vous lui plaisez. Il dit que si vous pouviez avoir quelques bontés pour lui, il se fait fort de vous faire reine.
Je feins l’indignation :
— Mon Dieu, l’odieux personnage !
— Je ne vous le fais pas dire. Je vais lui écrire et le remettre à sa place.
— Non, mon ami. Je me sacrifierai pour que vous soyez roi.
Et moi reine, bien sûr. J’ajoute :
— Vous voulez monter sur le trône, n’est-ce pas ?
— Certes, mais...
— Alors j’aurai cette entrevue avec lui.
— Vous n’y pensez pas, il vous ferait subir les derniers outrages !
— Qu’importe si, à ce prix, vous devenez roi, et moi votre humble reine.
Mon mari discute encore un peu, mais mollement. Il est tout prêt d’offrir mon cul sur un plateau au Lord. Je murmure :
— Je fermerai les yeux et je penserai à vous.
Il m’embrasse sur le front en disant :
— Constance, vous êtes une sainte.
Assurément...
Une autre expression me vient en tête : « Passer à la casserole pour un royaume ». Hé oui, le jeu en vaut la chandelle.
*
A suivre.
La suite dans le livre.
https://www.amazon.fr/Comtesse-fille-cuisine-Collection-Pleine-ebook/dp/B078R4H6VL/ref=pd_sim_351_4?_encoding=UTF8&psc=1&refRID=WHAT1F22GFEXXX1T16JH
Infos : mia.michael@hotmail.fr